Pratiques et expériences de lecture

Le personnage pour le lecteur : l’illusion d’une personne

Le personnage littéraire n’est fait que de mots ; mais ces mots donnent au lecteur l’illusion d’une personne, qui donne son sens à l’œuvre et fonde en partie le plaisir de la lecture. « L’être romanesque, pour peu qu’on oublie sa réalité textuelle, se donne à lire comme un autre vivant susceptible de maints investissements^[1] », écrit Vincent Jouve dans L’Effet-personnage. Ce séminaire propose d’étudier les différentes façons dont le lecteur peut investir le personnage. La réflexion sera nourrie par l’exploration de quelques notions théoriques (empathie, identification, bovarysme) et d’exemples historiques montrant comment les personnages de fiction ont pu être appréhendés comme des personnes par le lecteur.

L’étude prendra comme support Madame Bovary, de Gustave Flaubert, roman centré sur Emma, qui est à la fois, dans la fiction, une lectrice elle-même prompte à s’identifier aux héroïnes romanesques, et, hors la fiction, un personnage ayant fasciné les lecteurs au point de prolonger son existence dans d’autres œuvres (Gemma Bovary, Contre-enquête sur la mort d’Emma Bovary…). Il s’agira donc d’analyser ensemble la poétique des personnages flaubertiens et les effets suscités par ceux-ci, auprès des lecteurs du xix^e et du xx^e siècles, mais aussi dans notre propre expérience de lecture menée durant le séminaire.

Modalités de contrôle des connaissances : travail écrit rendant compte d’une expérience de lecture (par l’étudiant, par des lecteurs historiques ou par des lecteurs contemporains) analysée avec les outils théoriques vus en cours.

Roman au programme (à se procurer dans cette édition) :

Gustave Flaubert, Madame Bovary [1857], éd. Jacques Neefs, Paris, LGF, coll. Livre de poche classique, 1972.

[1] Vincent Jouve, L’Effet-personnage dans le roman, Paris, PUF, coll. Écriture, 1992, p. 108.